Quand la réglementation redessine l’emballage: le défi des nouvelles étiquettes Santé Canada
Un nouveau code visuel imposé aux marques alimentaires
Depuis peu, Santé Canada impose un nouveau système d’étiquetage frontal pour plusieurs produits alimentaires transformés.
Ces vignettes, bien visibles sur le devant des emballages, signalent de manière explicite une teneur élevée en sodium, en sucres ou en gras saturés.
L’objectif est clair :
👉 permettre au consommateur d’identifier rapidement les produits à forte teneur en nutriments préoccupants, sans avoir à lire le tableau nutritionnel au dos.
Visuellement, ces étiquettes se caractérisent par :
- une forme standardisée
- un traitement graphique très contrasté
- une mention explicite (“Élevé en…”)
- une position obligatoirement en façade
Pour les marques, c’est une nouvelle règle du jeu.
Pour les graphistes, c’est un véritable choc de composition.
Quand la surface d’expression se réduit
L’emballage est déjà un espace extrêmement contraint :
- logo
- nom du produit
- promesse marketing
- visuels
- mentions légales
- codes-barres
- certifications
Avec l’arrivée de cette vignette obligatoire, une partie stratégique de la face avant est désormais “confisquée” par un élément :
- non négociable,
- non personnalisable,
- souvent perçu comme peu esthétique.
Résultat :
👉 moins d’espace pour raconter une histoire de marque,
👉 moins de liberté formelle,
👉 un déséquilibre visuel à gérer dès la phase de conception.
Un élément graphique volontairement dominant
Santé Canada ne cache pas son intention :
👉 la vignette doit être vue avant tout le reste.
Elle est conçue pour :
- attirer immédiatement l’œil,
- créer un contraste fort,
- interrompre la lecture “marketing” de l’emballage.
Pour un designer, cela signifie travailler avec un élément :
- qui ne cherche pas l’harmonie,
- qui s’impose hiérarchiquement,
- et qui modifie la perception globale du produit.
Le défi n’est donc pas de la masquer (ce serait contre-productif),
mais de l’intégrer intelligemment sans affaiblir l’identité visuelle.
Intégrer sans subir: le nouveau rôle du graphiste
Ces nouvelles contraintes obligent les graphistes à repenser leur approche :
- Anticiper la vignette dès la phase de concept, et non comme un ajout tardif
- Travailler des grilles de composition plus rigoureuses
- Renforcer la hiérarchie visuelle entre information, branding et réglementation
- Simplifier certaines zones graphiques pour laisser respirer l’ensemble
Paradoxalement, cette contrainte peut devenir un levier :
- pousser vers plus de clarté
- encourager des designs plus honnêtes, plus lisibles
- forcer les marques à assumer leur positionnement sans artifice
Un nouveau dialogue entre design, santé publique et branding
Ces étiquettes marquent un tournant :
le design d’emballage n’est plus seulement un outil de séduction,
mais aussi un vecteur de responsabilité sociale.
Le rôle du graphiste évolue :
- il ne s’agit plus seulement de “faire beau”,
- mais de composer avec des messages parfois inconfortables,
- tout en protégeant la cohérence et la crédibilité de la marque.
👉 Le véritable enjeu n’est donc pas la perte d’espace,
mais la capacité du design à s’adapter sans se renier.
✍️ Conclusion
Les nouvelles vignettes imposées par Santé Canada ne sont pas qu’un détail réglementaire.
Elles transforment profondément la manière de concevoir un emballage alimentaire.
Pour nous, graphistes, c’est un défi réel — mais aussi une occasion:
celle de prouver que le design reste pertinent même sous contrainte,
et que la créativité commence souvent là où la liberté s’arrête.









